Je passe une partie de mon temps libre à étudier les Tengwar et leurs usages, ou à inventer de nouvelles choses en les utilisant. Vous retrouverez sur cette page tout ce que j’ai à dire ou montrer à ce sujet.
Introduction, que sont les Tengwar ?
Les « Tengwar » constituent un système d’écriture inventé par J.R.R. Tolkien. C’est notamment l’écriture des « elfes » que l’on peut retrouver dans les livres et films du Seigneur des Anneaux. L’étude des Tengwar est assez répandue chez les fans de l’univers de Tolkien, car il s’agit d’un système très riche qui permet d’écrire de nombreuses langues (inventées ou non). En voici une représentation :
Concrètement il s’agit d’un alphabet qui peut s’utiliser de différentes manières en fonction des styles et des besoins. Dans l’univers de Tolkien, il est utilisé pour mettre à l’écrit les langues des elfes, des nains, ou encore des hommes. Mais J.R.R. Tolkien s’est également servi de cet alphabet pour écrire l’anglais, le vieil anglais, et le latin. De temps en temps des personnes proposent de nouvelles utilisations pour écrire d’autres langues comme le japonais, le français, ou encore le gaélique écossais. Chaque utilisation s’appelle un « mode ».
Pour en savoir plus à propos des Tengwar, je conseille l’excellent site francophone tolkiendil.com, et en particulier ses pages dédiées à ce sujet. Mais voici quelques points importants pour comprendre la suite de cette page :
- Les « tengwar » (au singulier « tengwa »), sont des caractères qui représentent le plus souvent des consonnes. En fonction des modes, un tengwa peut être associé à telle ou telle consonne.
- Les « thetar » (au singulier « theta »), sont des diacritiques (comme des « accents ») qui représentent des voyelles ou indiquent des modifications de prononciation. Les thetar viennent donc s’ajouter aux tengwar pour former une combinaison consonne + voyelle (ou voyelle + consonne).
Ma proposition pour écrire le français
Le français n’a jamais été écrit en Tengwar par J.R.R. Tolkien. Nous ne saurons donc jamais comment celui-ci s’y serait pris pour le faire. Néanmoins, il a créé suffisamment d’éléments pour que l’on se permette de faire des propositions. J’ai moi-même travaillé sur une solution, que je vais détailler ici.
Introduction
Tout d’abord, un petit point sur la raison de cet exercice. L’objectif n’est pas de trouver le mode idéal tels qu’il aurait été inventé par J.R.R. Tolkien, ni d’inventer une continuité historique avec les autres langues et modes. Mon objectif est simplement de trouver une forme que je puisse utiliser pour écrire couramment, pour m’amuser. C’est même un peu plus que ça, car je ne suis globalement pas satisfait de notre manière actuelle d’écrire le français, je trouve qu’il y a plein de choses à redire. J’apprécie donc les expérimentations pour trouver d’autres manières de penser l’écriture du français, pour sortir un peu de notre cadre rigide. Il se trouve que les Tengwar sont un très bon moyen pour cela.
Voici comment j’ai procédé :
- Je suis parti de l’usage général que j’ai essayé de respecter au maximum.
- Je me suis inspiré de mode de Simon Rousseau pour les particularités du français.
- J’ai pris en compte les remarques à son sujet sur le forum de Tolkiendil, ici et là.
- Et pour finir j’ai regardé les usages dans les autres modes, pour prendre des idées.
J’apprécie cette phrase tirée de cette page qui traite d’un mode moderne pour l’anglais :
Il serait vain de demander : « Quel mode Tolkien utiliserait-il aujourd’hui ? », car nous pouvons être certains qu’il garderait sa « contre-hérence » bien connue et changerait de mode suivant ce qu’il jugerait être le plus adéquat au moment d’écrire. Ce que nous pouvons demander est : « Quel mode plein des tengwar utilisé pour écrire l’anglais moderne Tolkien reconnaîtrait-il à la lecture comme cohérent, logiquement et historiquement adéquat et par-dessus tout fidèle à l’esprit […] de sa subcréation ? » À cela chacun peut répondre comme il le souhaite
Mode orthographique ou phonémique ?
C’est la première question à se poser :
- Un mode orthographique suivrait fidèlement l’orthographe latine du français, avec ses nombreuses particularités ; chaque lettre serait alors représentée par un caractère ou une diacritique. J.R.R. Tolkien a développé un tel mode pour l’anglais. Ce mode permet de ne pas trop se poser de questions quant à l’orthographe des mots, et ne fait que changer le tracé des lettres.
- Un mode phonémique représente directement les sons réellement employés. Chaque caractère ou diacritique est associé à une consonne ou une voyelle (au sens phonologique du terme). Les transcriptions sont alors plus complexes, car chaque accent de la langue ne donnera pas forcément la même suite de sons pour un même mot. Il faut alors accepter de trouver différentes orthographes d’un même mot en fonction de l’auteur, et/ou de les écrire selon un consensus se rapprochant le plus de toutes les prononciations.
J’ai choisi la méthode phonémique pour développer ce mode, dans le but de trouver une réelle alternative à l’orthographe latine actuelle.
Consonnes
Le lien avec l’usage général est ici évident. Celui-ci est suffisamment complet et bien découpé pour pouvoir être repris tel quel.
J’utilise ici les symboles de l’alphabet phonétique international pour indiquer les sons présents en français. Je recommande cette excellente page Wikipédia pour les connaître. Le symbole indique que le son généralement utilisé pour ce tengwa n’est pas employé en français, et est donc absent de ce tableau. Il y a également un certain nombre de tengwar additionnels existants que je n’ai pas faits apparaître car ils ne sont pas utilisés dans ce mode.
/t/ | /p/ | /t͡ʃ/ | /k/ |
/d/ | /b/ | /d͡ʒ/ | /g/ |
| /f/ | /ʃ/ | |
| /v/ | /ʒ/ | |
/n/ | /m/ | /ɲ/ | /ŋ/ |
| /w/ | /j/ | /ɥ/ |
/ʁ/ | /l/ | /h/ | |
/s/ | /s/ | /z/ | /z/ |
On notera que les sons /h/, /t͡ʃ/ et /d͡ʒ/ ne sont pas présents sur la page Wikipédia de l’alphabet phonétique pour le français, alors que je les ai inclus ici. C’est parce que je me suis rendu compte qu’ils peuvent parfois être utilisés pour des mots d’origine étrangère ou des onomatopées, et qu’ils ont alors leur place pour écrire correctement ces mots. Par exemple : jazz (/d͡ʒaz/), chater (/t͡ʃate/), haha (/haha/).
Voyelles
Dans le tableau suivant, tous les thetar sont notés sur une porteuse courte pour l’illustration. Mais bien sûr, ils peuvent être placés sur n’importe quel tengwa.
Theta | Voyelle | Exemple |
---|---|---|
| /a/ | patte |
| /ɑ/ | pâte ; glas |
| /e/ | clé ; chez ; aller |
| /ε/ | lettre ; ouest ; faite |
| /ə/ | peser ; dangereux |
| /œ/ | sœur ; jeune |
/ø/ | ceux ; jeûne | |
| /i/ | si ; île |
| /o/ | sot ; hôtel ; haut |
| /ɔ/ | sort ; rhum |
| /u/ | coup |
| /y/ | tu ; sûr |
| /ã/ | sans ; vent ; paon |
| /ɛ̃/ | vin ; timbre ; main ; plein |
| /œ̃/ | brun ; parfum |
| /ɔ̃/ | son |
Quelques explications complémentaires :
- Une voyelle existe souvent de manière « fermée » et « ouvert » comme /o/ (saut) et /ɔ/ (sort) par exemple. On utilise toujours la même technique pour les distinguer : un theta simple pour la voyelle fermée, et un theta doublé pour la voyelle ouverte. Le /ɑ/ est une exception car on ne peut pas « doubler » les trois points ; on se contente alors d’inverser l’orientation des points.
- Le son /ø/ m’embête car je ne sais pas comment le représenter de manière logique par rapport aux autres. Et en vérité je n’arrive même pas à distinguer ce son lorsque je parle. J’ai donc décidé de ne pas le représenter, même si c’est un choix très discutable.
- Les voyelles nasales, particularité du français, sont représentés par la combinaison d’un trait horizontal et d’un theta. Un « a » nasal devient un « an », un « é » nasal devient un « in », et un « o » nasal devient un « on ».
Theta sur le tengwa précédent ou suivant ?
Il existe en effet deux méthodes : si un theta est sur un tengwa, on peut le prononcer avant ou après celui-ci. Avec un exemple : le theta qui représente le son « o » sur un tengwa qui représente le son « t » peut être prononcé « ot » ou « to ». Il faut choisir une des deux façons et s’y tenir.
Dans les différents modes, si j’ai bien compris, le choix est souvent fait en fonction de ce qui est le plus fréquent dans la langue : consonne suivie d’une voyelle, ou bien l’inverse. Pour moi, le but est surtout de limiter l’utilisation des porteuses qui ne servent qu’à écrire une voyelle sans consonne. Après quelques essais, j’ai l’impression que la méthode « consonne puis voyelle » est la plus adaptée au français.
Il faut donc placer le theta sur le tengwa précédent.
Modificateurs
Les voyelles longues (lire « Quantité vocalique » sur Wikipédia) peuvent être représentées par l’usage de la porteuse longue.
Les consonnes longues (lire « Gémination » sur Wikipédia) peuvent être représentées par l’ajout d’un trait sous le tengwa.
Les consonnes qui ne s’entendent que dans les liaisons entre les mots, peuvent être écrites en ajoutant cette consonne à la fin du mot avec un petit crochet. Cela indique qu’il faut immédiatement enchaîner la prononciation du mot suivant.
Le « x » français peut se prononcer /ks/ ou /gz/. Il n’y a pas de tengwa directement associé à ces sons, et il faudrait toujours utiliser deux tengwar pour les représenter. Comme ils sont assez courants, je propose une simplification. On reprend l’idée de l’ajout du crochet (qui dans les modes de Tolkien servait à ajouter le son « -s »), mais on le place sous le tengwa /k/ ou /g/ pour ne pas le confondre avec le crochet de liaison. Ainsi, /k/ + crochet devient /ks/, et /g/ + crochet devient /gz/.
Symbole | Description | Exemple |
---|---|---|
| Porteuse longue pour voyelle longue | Rose (à la parisienne) |
| Trait dessous pour gémination | Immense |
| Crochet de liaison | Les enfants |
| Simplification de /ks/ | Maximum |
| Simplification de /gz/ | Exagérer |
Ponctuation
Cette partie doit encore être complétée.
Numération
Cette partie doit encore être complétée.
Résumé
Voici une fiche synthétique que j’ai calligraphiée, afin de résumer tous les points précédents. Mais attention cette fiche date d’une précédente version du mode, il y a donc quelques différences sur les tengwar utilisés !
Police de caractères et disposition clavier
Utiliser les Tengwar sur ordinateur nécessite de créer des polices de caractères spécialement pour ça, ainsi qu’une disposition clavier de la même manière que pour une nouvelle langue. C’est un travail entrepris depuis de nombreuses années par diverses personnes. Un projet en particulier a émergé plus que les autres : le Free Tengwar Font Project (FTFP). Je suis parti de ce projet pour y faire mes propres modifications, à retrouver ici.
Grâce à cette police, nommée Tengwar Telcontar, je peux écrire des Tengwar presque n’importe où : !
Vous pouvez télécharger le fichier de police que j’utilise en cliquant ici.
Concernant la disposition clavier, le FTFP en propose une basée sur un clavier QWERTY (US). C’est-à-dire que les Tengwar sont disposés de manière assez cohérente avec celle-ci, minimisant l’effort intellectuel pour retrouver les caractères voulus. Il n’est donc pas évident de l’utiliser lorsque l’on est habitué à un clavier AZERTY, ou pire : BÉPO ! Comme j’utilise ce dernier, j’ai décidé de créer une nouvelle disposition. La voici (à retrouver sur Keyboard Layout Editor) :
Cette disposition est non seulement basée sur la disposition BÉPO (visible en gris au milieu des touches), mais est également optimisée pour écrire avec le mode français détaillé précédemment. C’est notamment pour cela que la touche U correspond au theta (qui n’est pas particulièrement mis en avant dans la disposition QWERTY).
Calligraphies
Je fais un peu de calligraphie sur mon temps libre, et c’est d’ailleurs cette pratique qui m’a poussé à m’intéresser aux Tengwar. Vous pouvez retrouver tout mon travail sur la page Calligraphie.
J’ai en particulier calligraphié différentes choses en utilisant les Tengwar. Parfois en utilisant mon mode français, mais pas toujours. Voici une galerie présentant ces productions :